Intégrer Les Perspectives par la Créativité : une Conversation avec la NOUVELLE Consultante en Artistes Immigrants Ghislaine Sabiti
L’artiste interdisciplinaire et directrice de Bead Project à Urban Glass, Ghislaine Sabiti, rejoint la liste des consultants de la NYFA et propose des consultations de carrière individuelles. Dans cet article, elle expose comment son expérience plurielle et son héritage culturel influencent sa pratique de conseil.
Née au Congo, élevée aux environs de Paris, et actuellement installée à New York et développant sa pratique artistique, Ghislaine Sabiti (IAP ’20 & Incubator ’24) partage comment l’adoption de l’hybridité de l’expérience est un atout, et comment sa position de leader en tant que directrice de Bead Project chez Urban Glass offre un aperçu stratégique de sa propre pratique artistique.
Les séances de consultation individuelles de Ghislaine (GRATUITES pour les artistes immigrés ) seront disponibles en français et en anglais à partir du 1er octobre. Revenez ici pour un hyperlien mis à jour.
New York Foundation for the Arts (NYFA): Parlez-nous de la façon dont vous avez construit votre carrière artistique interdisciplinaire aux États-Unis. Comment votre expérience a-t-elle façonné et influencé votre pratique de conseil?
Ghislaine Sabiti (GS): Mon parcours d’artiste interdisciplinaire est façonné par mes origines Congolaise, mon éducation en France et mon installation actuelle à New York. Le fait de vivre sur trois continents différents a profondément influencé mon approche de l’art et de conseillère. Chacun de ces environnements a apporté des perspectives et des expériences uniques que j’intègre dans mon processus créatif et dans mon travail avec des clients, des institutions artistiques ou des entreprises artistiques.
Au Congo, l’art ne se limite pas aux galeries ou aux espaces exclusifs ; il est intégré à la vie quotidienne, le rendant accessible et profondément connecté à la communauté. Cette immersion culturelle a définitivement influencé ma conviction que l’art devrait faire partie intégrante de la vie quotidienne, et non pas simplement être quelque chose à admirer de loin. Mon travail reflète cette philosophie, s’efforçant de faire de l’art un élément vivant et respirant des expériences quotidiennes des gens.
Ayant grandi dans un environnement multiculturel à Paris, j’ai été exposé à une variété de traditions et de perspectives artistiques, qui ont jeté les bases de mon approche éclectique et expérimentale de l’art. Déménager à New York, une ville qui prospère grâce à la diversité et à l’innovation, a encore élargi mes horizons créatifs et renforcé mon engagement à explorer des récits complexes, en particulier ceux liés à l’identité, au déplacement, à la communauté et à l’hybridité culturelle.
Grâce à ces expériences, je peux naviguer dans les nuances de l’expression et de la représentation culturelles. Cela est particulièrement précieux lorsque je travaille avec des communautés BIPOC ou que j’aborde des thèmes d’équité et d’inclusion. Et comme mon travail couvre divers médias et disciplines, je peux offrir à mes clients un large éventail de stratégies et de solutions créatives.
Dans l’ensemble, mon parcours personnel et professionnel me donne les outils nécessaires pour offrir des services de consultation nuancés, créatifs et efficaces qui trouvent un écho auprès de publics divers et répondent aux objectifs spécifiques de chaque client.
NYFA : Votre travail dans l’administration des arts vous donne-t-il de nouvelles perspectives dans votre carrière artistique ? Cela a-t-il profité à votre processus en tant qu’artiste ?
GS: Passer du statut d’artiste en exercice à celui d’administratrice des arts et occupé aujourd’hui un rôle de leader en tant que directrice de Bead Project chez Urban Glass m’a donné une perspective multiforme qui enrichit profondément ma pratique artistique.
En tant que directrice , j’ai acquis une compréhension plus large du fonctionnement du monde de l’art au-delà du studio. Cela comprend des informations sur la logistique de la gestion des programmes artistiques, l’importance de l’engagement communautaire et les défis liés au maintien des organisations artistiques. Cette prise de conscience me permet d’aborder mon travail avec un état d’esprit plus stratégique, en tenant compte non seulement du processus créatif, mais aussi de la manière dont mon travail s’intègre dans des écosystèmes plus vastes.
Diriger un programme comme le projet Bead chez Urban Glass, qui autonomise les femmes grâce à la fabrication du perle verre, a approfondi mon empathie et ma compréhension des divers défis auxquels sont confrontés les artistes, en particulier ceux issus de communautés marginalisées. Cette perspective éclaire mon propre art, me poussant à créer des œuvres inclusives, accessibles et reflétant des expériences diverses.
Grâce à mon rôle de leader, j’ai appris la valeur de la collaboration, de la communication et du mentorat. Ces compétences sont inestimables dans ma pratique artistique, où la collaboration joue souvent un rôle clé dans la création et la présentation des œuvres. Comprendre l’importance de diriger avec empathie et de favoriser des environnements propices a également influencé la façon dont je m’engage avec d’autres artistes et collaborateurs.
Mon expérience administrative m’a appris l’importance de la durabilité dans les arts et comment équilibrer la créativité avec les aspects pratiques du financement, de la participation du public et de l’impact à long terme. Cette perspective m’a amené à aborder mes projets en mettant l’accent sur la création d’œuvres non seulement innovantes, mais aussi durables et percutantes au fil du temps.
Mon expérience administrative m’a appris l’importance de la durabilité dans les arts et comment équilibrer la créativité avec les aspects pratiques du financement, de la participation du public et de l’impact à long terme.
-Ghislaine Sabiti
NYFA : Qu’est-ce qui vous a attiré dans le programme de consultations individuelles pour les artistes immigrés et comment envisagez-vous de soutenir cette communauté à travers vos séances ?
GS: Être bilingue en français et en anglais est un atout important, car il me permet d’entrer en contact avec un plus large éventail de communautés et de naviguer dans le monde de l’art dans des contextes divers. Cette capacité linguistique me permet d’interagir avec des publics francophones et anglophones, d’élargir ma portée et de favoriser des liens plus profonds dans le secteur de l’art.
J’envisage de soutenir cette communauté en offrant des conseils personnalisés qui s’appuient sur mes propres expériences. Mes séances visent à aider les artistes immigrés à développer des stratégies pour s’épanouir dans le monde de l’art tout en restant fidèles à leurs racines culturelles. Cela pourrait inclure : naviguer dans l’identité culturelle, aider les artistes à trouver des moyens d’exprimer leur identité culturelle unique dans leur travail, s’assurer que leurs voix sont à la fois authentiques et percutantes, et aider les artistes à créer des réseaux au sein de la scène artistique locale.
Je prévois d’offrir des conseils pratiques sur la façon de naviguer dans le côté commercial du monde de l’art, y compris le marketing, la rédaction de subventions et le développement de Portfolio, adaptés aux défis spécifiques auxquels les artistes immigrés peuvent être confrontés. De plus, je souhaite offrir aux artistes un espace pour discuter des aspects émotionnels de la vie d’artiste immigré, de la gestion du mal du pays à la lutte contre le sentiment d’isolement et à la recherche de l’autonomie dans leurs perspectives uniques.
Mon objectif est de permettre aux artistes immigrés non seulement de survivre mais aussi de s’épanouir dans leur nouvel environnement, en les aidant à transformer leurs expériences en un art puissant et résonnant qui parle à la fois de leur héritage et de leur nouvel environnement.
NYFA : Quels conseils généraux donneriez-vous aux artistes et aux créateurs immigrés, qu’ils n’ont peut-être pas entendus auparavant, mais qui vous semblent importants ?
GS: Pour les artistes et les créateurs immigrés, un conseil qui n’est peut-être pas souvent entendu, mais qui est crucial est le suivant : acceptez la tension entre votre passé et votre présent comme une source de pouvoir créatif. Changer de stratégie et apprendre est une approche puissante, que ce soit dans le développement personnel, les affaires ou les arts.
Les artistes immigrés sont souvent encouragés à s’assimiler pleinement à leur nouvel environnement ou à préserver uniquement leur héritage culturel. Mais la véritable force réside dans la navigation entre ces deux mondes. Cette tension entre l’endroit d’où vous venez et l’endroit où vous êtes maintenant peut être une puissante source d’inspiration et d’innovation dans votre travail.
Ne vous sentez pas obligé de choisir une identité plutôt qu’une autre. Au lieu de cela, acceptez l’hybridité de vos expériences. Votre art peut être un lieu où différents éléments culturels se mélangent, créant quelque chose d’entièrement nouveau et authentique pour vous.
Acceptez l’hybridité de vos expériences. Votre art peut être un lieu où différents éléments culturels se mélangent, créant quelque chose d’entièrement nouveau et authentique pour vous.
-Ghislaine Sabiti
L’expérience de l’immigration vous a permis de vous adapter à de nouvelles cultures, et surmonter les défis peut également alimenter votre créativité. Laissez cette résilience vous pousser à prendre des risques, à expérimenter et à repousser les limites dans votre travail.
La stratégie du business est une autre clé du succès. Écouter les commentaires des experts, conseillers et des collègues, encadrer les conseillers et les pairs, suivre les évolutions du marché et rester à l’écoute des concurrents peuvent façonner des stratégies et être plus flexibles. Apprendre de ses erreurs et de ses succès aide les entreprises à innover, à rester pertinentes et à établir des relations plus solides avec leurs clients et partenaires.
En fin de compte, votre parcours d’artiste immigré est une riche tapisserie d’expériences qui peuvent grandement enrichir votre art. En acceptant les complexités et les contradictions de votre identité, vous pouvez créer une œuvre qui est non seulement profondément personnelle, mais aussi universellement résonnante. La capacité de changer de stratégie en fonction de nouvelles informations ou perspectives n’est pas un signe de faiblesse mais une marque de sagesse. Elle montre la capacité de rester dynamique, ouvert d’esprit et pertinent dans un monde en constante évolution.
À propos de Ghislaine Sabiti
Ghislaine Sabiti est une artiste multidisciplinaire française/ Américaine d’origine congolaise, peintre, artiste verrière, sculptrice céramiste, créatrice de costumes, éducatrice et directrice de Bead Project chez Urban Glass. Elle a grandi dans la banlieue de Paris, en France, et est maintenant basée à New York, NY.
Sabiti a étudié les beaux-arts à l’Atelier Chantier du Coq et à l’Académie de la Grande Chaumière et a obtenu son diplôme avec mention en design de mode à l’Atelier Chardon Savard à Paris, en France. Elle a développé ses compétences en étudiant le travail du verre au chalumeau, le soufflage du verre et les décalcomanies photo à Urban Glass et la céramique à la céramique Artshack. Elle a enseigné et créé un programme dans plusieurs institutions de premier plan, notamment la Harlem School of Arts, la Peter Valley, Urban Glass, le Zimmerli Art Museum, l’Institut français, le Brooklyn College et Glass Rots.
Le travail de Sabiti met en valeur la forme technique utilisée dans les arts africains et européens, en se concentrant sur la forme et la couleur. Elle se spécialise dans la création de pièces sculpturales uniques qui mélangent diverses techniques telles que le tissage, le tressage, la peinture à l’huile, la sculpture en céramique et la sculpture sur verre.
Elle a obtenu plusieurs bourses prestigieuses, notamment le NYFA Incubator for Executive Leaders of Color, le Caribbean Cultural Center African Diaspora Institute’s Innovative Cultural Advocacy Fellowship, le DEAR (Digital Evolution/Artist Retention) Fellowship et le New York Foundation of the Arts’ Immigrant Artist Program. Elle a également été artiste résidente à Columbia Clay, Peter Valley School of Craft, ArtYard avec CoLabart, Pilchuck Better Together, Urban Glass, Glass Roots, Calabar Gallery et coLABArts, Jamaica Center et Jamaica Center for Art and Learning. Chashama a nominé Sabiti pour une résidence d’artiste à la Marcel Breuer House au Rockefeller Brothers Fund’s The Pocantico Center et une commande pour le Lexington Hotel, New York, Salon du Prêt-à-Porter. De plus, Sabiti a remporté un prix pour le concours de conception de bas Dupont De Nemours pour la société DIM.
Son travail a été exposé et commandé à l’échelle nationale et internationale en France et aux États-Unis lors de nombreuses expositions collectives et individuelles, notamment à la Calabar Gallery, à la Hamptons Art Fair, au Zimmerli Art Museum, à El Teatro del Museo Del Barrio avec Boys and Girls Harbor, à la Galabar Gallery, à Artshack, à l’Occupy Museum Debt Fair à la Whitney Biennial, Vetri Gallery, au MNN El Barrio Firehouse Community Media Center, à l’Atelier Rosal, à la Westfield State University Arno Maris Gallery, à la Rio Gallery, à la Harlem School of the Arts, au Brooklyn Film and Art Festival, au Small Space Fest et au Poe Park Visitor Center.
–Ya Yun Teng, Responsable du Programme des Artistes Immigrants
Cet article fait partie de la newsletter n°173 du programme des artistes immigrants de ConEdison. Abonnez-vous à cet e-mail mensuel gratuit pour recevoir des informations sur les artistes, les opportunités et les événements. Apprenez-en plus sur le programme de mentorat des artistes immigrants de NYFA.